Article du Dr Mekies: président des neurologues de France parut à la sortie du film de Luc Besson : LUCY.
Le cerveau est un organe qui est en permanente activité et ce quelque soit la zone cérébrale intéressée.
À l'état de veille, il est en connexion avec l'environnement et reçoit en permanence des stimuli visuels et auditifs, par exemple. Lorsque nous avons les yeux ouverts, même si nous ne faisons rien, notre cerveau analyse l'environnement que ce soit par l'intermédiaire de stimuli primaires tels que la lumière, les sons, mais également pour des choses plus subtiles telles que les émotions.
Toutes les parties du cerveau ont une fonction particulière. Cette activité cérébrale continue est parfaitement bien mise en évidence par l'enregistrement électroencéphalographique.
Bande-annonce de "Lucy", sorti en salle le 6 août
Si on utilise que 10% du cerveau, c'est pour une tâche précise
Lorsque nous effectuons une tâche donnée, nous n'utilisons par contre qu'une région cérébrale, celle correspondant à la tâche précise. L'IRM fonctionnelle permet d'établir une cartographie des régions activées par tel ou tel stimuli ou tâche, qu'elle soit simple ou complexe.
Le cerveau peut être considéré comme une espèce de centrale électrique avec des réseaux de neurones qu'on peut activer selon notre activité : on "allume" certains réseaux pendant que d'autres ne sont pas activés.
Pour autant, ne solliciter que 10% de son cerveau pour une action particulière à un instant T ne revient pas à dire que les 90% restants sont inutiles, bien au contraire. Cela signifie simplement que nous n'utilisons jamais l'intégralité du cerveau en même temps pour une action donnée.
Pour un calcul mental, on sollicite les régions frontales
Par exemple lorsqu'on effectue un travail de réflexion rapide, de calcul mental, on active, dans ce cas précis, surtout les régions frontales et sous-cortico-frontales. Une tâche simple qui consiste à serrer le poing active les aires motrices.
D'autres tâches plus complexes faisant appel à une analyse visuelle, à une reconnaissance, à une expression sous la forme du langage activeront un certain nombre de régions cérébrales de manière consécutive ou concomitante.
Certaines tâches complexes peuvent ainsi faire intervenir plusieurs zones cérébrales à la fois.
On peut tous améliorer notre réserve cérébrale
La plasticité des neurones, c'est à dire la capacité du cerveau à modifier son organisation fonctionnelle de façon adaptative, est maximale pendant l'enfance. Au fur et à mesure de l'apprentissage, nous mettons en place nos réseaux de cellules nerveuses pour effectuer une même action.
Nous pouvons, dès lors, penser qu'il y a une plasticité cérébrale différente chez un enfant et chez une personne âgée.
Nous disposons tous d'une réserve cérébrale que l'on est capable d'améliorer et qui varie en fonction de notre âge. Le cerveau serait au maximum de ses capacités entre 18 et 20 ans et commencerait à régresser la vingtaine passée. C'est le dogme qui circule à ce propos, même si rien n'est prouvé.
Tout au long de notre vie, nous sommes capables d'activer de nouveaux réseaux, engendrer de nouvelles connexions. Il suffit pour cela de faire travailler le cerveau de manière régulière dans toutes ses composantes - cognitive, sportive et affective - en effectuant des tâches telles que la lecture ou des mots croisés, le sport.
D'une part, l'apprentissage est toujours possible quel que soit l'âge. D'autre part, le cerveau, c'est comme le muscle chez un sportif : plus on l'entraînera, plus il sera performant.
Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec.